Activités valorisantes et « bientraitance » pour une meilleure insertion

Depuis plus de 25 ans, les professionnels du CDAIR (Centre départemental d’accueil de l’île de Ré) s’engagent en faveur des adultes handicapés pour améliorer leurs conditions de vie. Ils favorisent les interactions entre les personnes déficientes et le monde extérieur pour lever les appréhensions qui existent de part et d’autre.

Autrefois baptisé « le Feu Vert » et rattaché à l’Hôpital de Saint-Martin, le foyer pour les malades et les handicapés mentaux de l’île de Ré est depuis 1992 un établissement public autonome géré par un conseil d’administration. C’est à cette époque, sous la Direction de Catherine Deglane que le centre fait l’acquisition de nouveaux locaux dans la zone d’activité de Saint-Martin, permettant actuellement à soixante-six malades d’y résider à l’année (dont onze occupent la Maison de Retraite Spécialisée), et à six autres d’y être accueillis la journée. Ces adultes qui souffrent tous de déficience intellectuelle, ne sont pas aptes à exercer une activité professionnelle, mais disposent d’une autonomie suffisante pour pratiquer des activités qui contribuent à leur indispensable insertion dans la société.

C’est ce à quoi s’emploient quotidiennement les quarante professionnels pluridisciplinaires du foyer, qui menés par la bienveillance de Gérald Lothelais, leur Directeur, s’attachent dans la douceur et avec le sourire, à conduire ces personnes vulnérables vers la dignité. Ces hommes et femmes dont un grand nombre résident au Centre depuis plus de cinq ans découvrent, dans ce foyer qui les sécurise, le respect de soi et accèdent à la « bientraitance » pierre angulaire du travail des équipes de Gérald Lothelais et de Danièle Gilbert son bras droit. Chacun fait l’objet d’un projet personnel, discuté en concertation avec les membres de l’équipe, les familles et selon le souhait de chaque malade.

Création début 90 des ateliers occupationnels et de l’Association la Vague Bleue

Projet éducatif et thérapeutique initié par Catherine Deglane qui assurait les fonctions de Cadre socioéducatif à l’époque, les ateliers visent à améliorer la prise en charge des résidents au travers de la pratique d’activités valorisantes : couture, menuiserie, ateliers décoratifs, artistiques et lingerie. Ce dernier atelier permet aux pensionnaires d’être complètement autonomes pour la gestion du linge. À tour de rôle ils se rendent à la blanchisserie pour déposer dans les casiers de chacun les vêtements propres et repassés. Tous ont été invités dimanche 7 juin au Festival de musique « Notes en Vert » à Perigny dont Léa Nature est partenaire. L’entreprise a fournit des palettes au CDAIR pour que les apprentis menuisiers du centre fabriquent le mobilier qui faisait défaut pour accueillir cet événement. Dans l’élan et dans la mobilisation générale ils en ont profité pour créer un espace de détente avec fauteuils et tables basses dans le jardin voisin.

Sylvie Doray est monitrice éducatrice au centre depuis vingt-six et une figure familiale pour tous. Avec elle, les résidents confectionnent toutes sortes d’objets décoratifs, jolis, astucieux et soigneusement faits. Ils ont d’ailleurs remporté beaucoup de succès à la kermesse samedi 14 juin, organisée par « La Vague Bleue » dans les jardins du centre. Sandrine Mardon est spécialisée en art-thérapie et guide leur créativité avec des résultats époustouflants, certaines oeuvres ayant même été exposées. Grâce à la vente des objets réalisés au sein des ateliers et gérée par « La Vague Bleue » (trait d’union indispensable entre les malades et le monde extérieur), les résidents décident ensemble de leurs loisirs. Voyages, spectacles, ils organisent même une soirée en boîte de nuit au « Vegas » à Saintes tous les ans ! Toutes ces activités quotidiennes contribuent à valoriser chacun de ces « handicapés » certes, mais personnes à part entière, et dont les ressources, grâce aux soins prodigués, s’avèrent considérables.

Un projet d’extension que le Directeur du CDAIR voudrait voir se concrétiser

Gérald Lothelais est éducateur de formation, a passé sa vie à s’impliquer pour la protection de l’enfance en tant que Directeur d’un foyer à Saintes et a pris les reines du CDAIR en 2012. Tous le connaissent ici et réclament une poignée de main à son passage. Il n’est pas un prénom qui lui échappe et l’histoire de sa vie s’est construite autour du respect qu’il a pour les êtres en situation de fragilité. Les demandes d’intégration s’empilent, les réorientations délivrées par la MDPH (Maison départementale des Personnes Handicapées) sont longues et laborieuses, or, l’établissement ne possède (en dehors de la maison de retraite construite en 2002 et parfaitement adaptée) que 37 chambres, obligeant 38 pensionnaires à cohabiter. Elles sont agréables, certaines ont une terrasse ou un bout de jardin, toutes une salle de bains, mais « Vous imaginez vivre dans cette seule pièce d’intimité pour des années, a fortiori à deux ? » interroge Gérald Lothelais. Il ajoute en plaisantant que les trois couples officiels du centre viennent alléger l’amertume de ce constat (c’est le premier foyer occupationnel du département à avoir accueilli des couples). Non content de la qualité du travail accompli, la retraite se profile à la prochaine décennie, et le Directeur souhaite voir l’établissement s’agrandir avant son départ. Une extension sur le terrain mitoyen, propriété du Conseil départemental, est envisagée. Actuellement à la disposition de Kéolis pour entreposer ses bus, le prestataire de transport prévoit, étant trop à l’étroit sur cet espace, de déménager vers le Bois-Plage.

Appuyé dans sa démarche par Gisèle Vergnon (devenue en mars dernier, en qualité de conseillère départementale, Présidente du CDAIR), Gérald Lothelais s’investit pour ce qui pourrait être le dernier combat de sa carrière d’altruiste : faire en sorte que chacun de ses pensionnaires dispose d’une chambre individuelle.

Contact :
CDAIR
40 av. du Général de Gaulle, à Saint-Martin.
05 46 09 19 90