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A la rencontre de Brice Samson, nouveau directeur du Pôle des Services à la Population de la CdC
Le Pôle Services à la population de la Communauté de Communes de l’île de Ré rassemble toutes les compétences ayant trait au social, à la culture et au patrimoine, celles qui impactent le plus directement les Rétais dans leur vie quotidienne. Partie à la retraite après avoir accompagné la création et le développement de ce pôle pendant près de douze ans, Annie Léauté a été remplacée en fin d’été par Brice Samson, jeune trentenaire. Il se présente et évoque les principaux enjeux de ce Pôle.
Ré à la Hune : La CdC de l’île de Ré s’est renouvelée ces derniers mois et a rajeuni ses effectifs. Qui êtes-vous ?
Brice Samson : J’ai 35 ans et suis originaire de Vendée. J’ai fait mes études à Nantes pour être assistant social, puis j’ai travaillé dix ans en région parisienne comme assistant social, puis responsable et directeur de CCAS (Centre communal d’action sociale). J’ai ensuite passé les concours, j’ai hésité entre l’Education Nationale ou les Services de l’Etat, j’ai choisi la fonction territoriale et suis rentré au Conseil départemental des Deux-Sèvres, à Niort, où j’étais responsable du Bureau des actions sociales pendant quatre ans.
La fonction de Directeur du Pôle des Services à la population pour laquelle vous avez été recruté à la CdC de l’île de Ré depuis le 13 septembre 2021 constitue une belle promotion pour vous ?
Oui elle représente une ouverture plus large et est extraordinaire pour moi. Cette configuration de poste avec à la fois la solidarité, le social, la petite enfance et la culture et le patrimoine est très rare. Elle réunit les compétences professionnelles que j’ai développées depuis quinze ans et tout ce que j’aime à titre personnel, je m’intéresse à l’Histoire depuis toujours et j’ai une sensibilité culturelle forte. C’est une belle opportunité professionnelle.
Connaissiez-vous déjà l’île de Ré ?
Oui je vis depuis cinq ans à La Rochelle et je connaissais l’île de Ré en tant que touriste. C’est excitant de découvrir ce territoire d’une autre manière.
Comment appréhendez-vous cette fonction ?
Déjà au lycée et étudiant, puis comme assistant social, j’avais une appétence pour les relations aux gens et les contacts sur le terrain. Je vais voir sur place, sur le terrain comment cela se passe.
J’ai eu trois semaines d’accompagnement à cette prise de fonction avec Annie Léauté, ce qui est assez rare. Cela m’a permis de bien comprendre, d’autant qu’au-delà des compétences sociales le poste comporte des aspects juridiques et financiers. Le Pôle Services à la population regroupe une cinquantaine de personnes, tous services confondus, dont 50 % composé du personnel en crèche. La Maline représente une dizaine de personnes. Et bientôt (au 1er janvier 2022 – NDLR) nous récupérons la compétence Adolescence de façon opérationnelle, avec sept personnes dédiées à la jeunesse. Le patrimoine occupe trois agents, il y a une assistante dédiée au logement social et un conseiller numérique va prochainement nous rejoindre.
J’ai donc souhaité rencontrer individuellement chacun d’entre eux, afin de comprendre leur histoire, leur parcours, leurs compétences et ce qu’ils aiment faire, car pour moi la notion de plaisir dans le travail est essentielle.
Et je suis allé à la rencontre des partenaires : les directeurs généraux des services des communes, les associations qui couvrent un champ vaste : socio-éducatif, culturel, sportif… Comme l’automne est traditionnellement la période à laquelle les associations présentent leurs dossiers de demandes de subventions, cela se calait bien. Et il ne faut pas oublier le service public délégué de la piscine, dont le prochain marché public sera lancé en début d’année pour une mise en place du délégataire retenu au 31 août 2022.
Quels ont été vos étonnements, positifs ou négatifs, à l’égard de notre territoire de l’île de Ré ?
J’ai été positivement surpris par la jeunesse de l’institution de la CdC et de son état d’esprit vif et innovant. Je viens d’institutions centenaires, aux cultures très administratives, la collectivité rétaise est beaucoup plus jeune, historiquement, par l’âge des agents et dans son état d’esprit. On nous autorise vraiment à prendre des initiatives, on est libre de proposer des changements, de sortir des sentiers balisés, c’est réellement intéressant.
Par rapport au territoire je suis encore en découverte et donc ne peut encore porter d’appréciation, on voit bien que la population ne constitue pas un bloc unique, mais qu’il y a les résidents à l’année, les résidents dits secondaires, les touristes, les attentes sont parfois différentes…
Ce qui m’a toutefois surpris est un certain manque de coopération entre les dix communes et entre les communes et la CdC. Celle-ci a certes ses compétences, mais cela n’empêche pas de travailler sur le reste dans une véritable action publique insulaire. Ce sont d’ailleurs les difficultés que l’on retrouve dans le PLUi (Plan local d’urbanisme intercommunal). De l’extérieur du territoire, on imagine une identité rétaise et non de village, dans la réalité l’identité de chaque village reste forte. Et en même temps les demandes sont fortes à l’égard de la CdC, qui est très bien identifiée, pas seulement comme un acteur financier pourvoyeur de subventions, mais comme un coordinateur et un acteur direct du territoire.
On entend parfois dire que la CdC est trop centralisatrice, par exemple dans le domaine culturel. Certains acteurs culturels du territoire trouvent que tout part trop de la collectivité, que leurs initiatives ne sont pas intégrées ?
La CdC a un rôle d’impulsion. Rien n’empêche les acteurs de la culture de se rencontrer et de porter des projets entre eux, en collectif. Je n’ai pas entendu parler sur l’île de Ré d’une telle démarche, sur d’autres territoires cela se fait, les collectifs viennent apporter quelque chose, la relation est inversée. Je pense que les acteurs rétais sont un peu trop en attente. Je perçois une vraie ressource culturelle, intellectuelle, vivante, un état d’esprit intéressant des habitants et des équipes, il y a une émulation intellectuelle, une vivacité, très motrice. Il y a aussi plusieurs associations qui proposent des activités sociales, très dynamiques. Notre rôle est d’impulser sans chapeauter.
La CdC va exercer au 1er janvier 2022 la compétence Adolescence, acquise par délibération communautaire il y a quelques mois, quels en sont les enjeux ?
L’objectif de prise d’une compétence est de la rendre égalitaire sur le territoire. En matière je jeunesse, comme en matière culturelle, il existe une inégalité d’actions entre les communes. Les enjeux sont doubles : proposer des activités pour les adolescents sur tout le territoire, et en plus des centres de La Flotte et du Bois-Plage que nous reprenons en direct nous allons rouvrir un lieu pour les jeunes à Ars-en-Ré. Et développer les activités proposées. La logique est : une structure, des lieux d’accueil et des activités. Je souhaite qu’on initie des actions de prévention dans les domaines de la santé, des relations, de la sexualité, et qu’on permette aux adolescents de parler de ces sujets.
Il faut aussi mener des actions de sensibilisation et de formation des professionnels de l’éducation et de l’animation auprès des jeunes, c’est la première étape d’une telle démarche de prévention.
L’idée est de décloisonner. Que faire, au-delà du collège. Les jeunes se vivent dans l’intercommunalité. J’aimerais qu’on soit beaucoup plus présents au collège et mieux identifiables. Nous allons mettre en place des compétences transverses, les directeurs et animateurs des centres, aux profils complémentaires, auront chacun un domaine de compétence thématique, cela va se construire en équipe.
Le président de la CdC, Lionel Quillet, a plusieurs fois évoqué dans le passé la possibilité de concevoir un site qui regrouperait des activités culturelles et artistiques et serait un épicentre pour les jeunes, qu’en est-il ? Ce projet verra-t-il le jour durant l’actuel mandat ?
Il est trop tôt pour en parler. Ce projet doit associer les dimensions culturelles, artistiques et sociales pour les jeunes et au-delà pour une population plus large. Un site qui serait à la croisée des chemins, qui rassemblerait plein d’univers artistiques comme ceux de la musique, du cirque, du théâtre. Une sorte de Lieu tiers, de Maison des Associations.
Le projet sera élaboré durant ce mandat, sa mise en place prendra plus de temps vraisemblablement.
En matière culturelle, quels sont les enjeux ?
J’arrive à un moment charnière. Annie Léauté a été sur toute l’élaboration du projet, l’intégration des agents de l’ARDC (structure associative qui portait La Maline, avant qu’elle ne soit intégrée dans le pôle culture de la CdC – NDLR) et la façon de penser la vie culturelle dans ce nouvel équipement. On passe d’une version associative, avec une seule salle, à une version intercommunale avec une collectivité et deux salles de 400 places. On va rentrer en 2022 dans la phase opérationnelle.
En ce qui concerne la programmation il nous faut arriver à conjuguer le rôle de coordination et valorisation des associations du territoire avec la nécessité d’une ouverture sur le continent, en faisant venir des artistes d’ailleurs. Il faut trouver le bon équilibre. La programmation de l’ensemble de l’année 2022 sera présentée en début d’année. Mais l’équipe culturelle de la CdC ne se limite pas à faire fonctionner La Maline. Le Hors les Murs va continuer, notamment pour les publics des écoles, des accueils de loisirs, les collégiens, les détenus…
Les évènements seront reconduits, comme le Festival Les P’tits se réveillent pour les plus jeunes, ou encore la Fête des bibliothèques…
Pour le volet du patrimoine, le Label Pays d’Art et d’Histoire est en cours de renouvellement. Quels sont les sujets à développer ?
On arrive en 2022 au terme des dix ans de la première labellisation. L’enjeu va être de faire participer davantage les habitants. On a commencé en 2021 à déployer une signalétique patrimoniale dans les communes, qui va continuer jusqu’en juin 2022.
Le projet patrimonial sera élaboré avec un collectif qui va commencer son travail au premier semestre 2022, il nous faut aussi inciter les communes à travailler plus avec les habitants. La CdC a un rôle à jouer en trouvant comment soutenir les associations qui valorisent le patrimoine. L’un des enjeux intéressants peut être de mettre en lumière comment les gens vivaient autrefois…
Quel sera l’enjeu 2022 pour la compétence petite enfance, qui s’exerce notamment dans les crèches, le RAM, le LAEP* ?
Il s’agit d’une des plus anciennes compétences de la CdC, en phase de stabilisation, pour laquelle la réponse apportée correspond bien aux besoins des habitants et aux évolutions démographiques. Pour les multi-accueils (les crèches – NDLR) nous voulons tendre vers un respect accru de l’environnement, améliorer le tri, la consommation, diminuer l’utilisation d’emballages plastiques, etc.
La parentalité fait aussi l’objet de toute notre attention, avec le Lieu d’Accueil Enfants Parents (LAEP), les cafés itinérants en partenariat avec le collège, l’Association des parents des Salières, Ré-Clé-Ré, la CAF… Le prochain est prévu le 10 décembre sur le thème des utilisations numériques des adolescents**. Nous voulons aussi développer les veillées à thème, qui permettent aux jeunes de s’exprimer, entre jeunes.
Le mot de la conclusion ?
Le logement social est un sujet majeur, avec de nouveaux projets qui se profilent.
Nous espérons aussi pouvoir organiser en 2022 la fête des associations, après deux années durant lesquelles nous avons été contraints de l’annuler.
L’équipe du Pôle Services à la population est structurée autour de quatre chefs de service : Adeline Bernard à la petite enfance, Clément Wallerand pour la jeunesse, Annabelle Bariteau pour la politique culturelle (avec Jérôme Wagnon, programmateur et Nicolas Rouffineau, régisseur général) et stéphanie Le Lay au patrimoine.
Nous avons encore quelques recrutements en cours : un conseiller numérique – nouveau service à la population -, une assistante de direction chargée du lien social, des directeurs et animateurs pour les espaces adolescents.
*RAM : Relais d’Assistantes Maternelles. LAEP : lieu d’Accueil Enfants Parents.
**Voir affiche en page 20 de cette édition de Ré à la Hune et sur notre page Facebook Ré à la Hune.
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