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3ème rencontres inter-îles : échange d’expériences et vision d’avenir
Du 24 au 26 novembre, l’île d’Oléron a accueilli des agriculteurs, des élus et des citoyens ruraux des îles de la façade atlantique avec pour but de pérenniser l’activité agricole sur leurs territoires. Ces 3èmes rencontres avaient pour thème principal l’accès au foncier agricole.
En quelques années, un réseau agricole des îles atlantiques s’est construit (Chausey, Bréhat, Ouessant, Molène, Sein, Groix, Belle ile, Arz, l’ile aux Moines, Houat, Hoëdic, Noirmoutier, Yeu, Aix, Ré et Oléron) avec pour vocation d’alimenter une réflexion et une action sur l’avenir de l’agriculture en territoire insulaire. Après l’île d’Yeu en 2014 et Belle-Ile-en-mer en 2015, La Communauté de Communes de l’île d’Oléron, en partenariat avec le GEDAR de l’île d’Oléron (Groupes d’Echanges de Développement et d’Animation Rurales) et MOPS (Marennes-Oléron Produits Saveur), avait en charge l’organisation des 3èmes rencontres inter-îles.
Accès au foncier complexe
Pour les exploitants, trouver des terrains agricoles tient du parcours du combattant. La rétention foncière, due à une spéculation forte, s’accompagne souvent d’une réticence des propriétaires à signer des baux ruraux ou à céder leurs terrains, au cas où… En particulier à Oléron, du fait de son mitage, des multi-propriétaires, et des dérives constatées durant les dernières décennies (voir RMO à la Hune N°18, consultable sur le site www.rheamarketing.fr).
D’autant qu’aujourd’hui, il faut agir dans une réglementation nouvelle (loi Littoral, sites classés, PPRN, PLUI). « L’inclusion de l’agriculture dans le cadre des compétences de la CdC est essentielle. On a mis en place en 2013 une convention avec la SAFER qui nous permet de nous armer, notamment dans l’exercice de notre droit de préemption, après le Département et le Conservatoire du littoral, jusqu’à l’expropriation » précise Pascal Massicot, président de la CdC de l’île d’Oléron. La sensibilisation des propriétaires étant un axe majeur de cette politique.
Avancer avec des idées nouvelles
« Ce qui a été fait à Oléron est enthousiasmant et montre qu’il y a des possibilités. Je l’ai proposé à la mairie de l’île d’Yeu, elle a dit banco. Depuis elle a préempté sur plusieurs terrains, fait baisser le prix sur d’autres, et certains propriétaires qui ont compris que leurs terrains ne seraient jamais constructibles, demandent à la SAFER de les vendre. Ces rencontres servent à avancer avec des idées nouvelles. Sans ce réseau on serait dans la merde » affirme Georges Birault, maraîcher retraité de l’île d’Yeu, initiateur des rencontres. Aujourd’hui, les échanges au sein du réseau sont à la fois source d’ouverture, de motivation, de solidarité et de mobilisation des élus et de la population. « Pour tous les territoires insulaires, il y a nécessité d’avoir une politique forte et un engagement affiché des élus qui permettent d’engager des actions concrètes sur le terrain, et de mobiliser les partenaires pour les mettre en place (Département, Conservatoire du littoral, DTTM, SAFER). C’est ce qui permet d’ouvrir des portes » insiste Ethel Gauthier, chargée de mission agriculture durable à la CdC-IO. « Sur Oléron depuis 7 ans, les élus ont pris ça à coeur, les professionnels se sont engagés, et avec les différentes collectivités on a pu mettre en place une concertation et des outils qui nous permettent d’envisager l’avenir avec des lectures de décrets qui peuvent être améliorés, faire des propositions, voire faire changer des lois. L’idée est de pouvoir conforter les autorisations existantes en installant de nouveaux agriculteurs » estime pour sa part Cécile Nadreau, agricultrice à Oléron et secrétaire de MOPS. « Il était indispensable de présenter Oléron comme initiateur d’une politique foncière offensive et visionnaire, et faire prendre conscience aux autres agriculteurs, élus et organismes professionnels, de ce qu’il est possible de mettre en place quand on s’en donne les moyens » renchérit Meïla Bédrani de la mission du réseau agricole des îles atlantiques.
Des rencontres qui portent leurs fruits
Sur chaque territoire, on s’applique à trouver de nouvelles formules de partenariat entre exploitants et collectivités pour que l’agriculture soit pérennisée. La création d’un élevage laitier a été rendue possible sur l’île d’Arz grâce à la création d’une ferme communale qui a facilité l’installation d’un couple d’éleveurs, avec en cas de transmission la garantie du maintien de la vocation agricole des bâtiments. Sur l’île d’Yeu, c’est un élevage de volailles fermières qui a été rendu possible par la modification du PLU. Les collectivités de l’île de Ré ont construit plusieurs zones d’activités agricoles en propriété publique qui regroupent aujourd’hui une dizaine d’exploitants. « Ces rencontres, c’est d’abord comprendre ce qui se fait sur les territoires qui ont des problématiques souvent semblables. Sur l’île de Ré, comme pour les autres, nous avons des problèmes de construction de bâtiments, de logements pour les agriculteurs, et aussi de reconquête des friches » souligne Jean-Louis Olivier, maire d’Ars en Ré, vice-président de la CdC de l’île de Ré en charge des affaires économiques. « Sur Ré, on vient de faire une cartographie des terrains à vocations agricoles et environnementales. La question qui se pose pour les parcelles à vocation agricole, c’est ce qu’on peut mettre en place pour lutter contre la rétention foncière. Ces rencontres donnent des pistes de réflexion » complète Sylvie Dubois directrice de l’environnement à la CdC de l’île de Ré.
Se poser les bonnes questions
« L’activité agricole ce n’est pas simplement l’entretien des paysages, c’est de l’activité économique dont l’alimentation humaine. Les gens qui veulent maintenir une activité agricole contre vents et marées sont des acteurs importants pour la société. C’est très encourageant pour l’avenir parce qu’on ne reste pas inerte face à quelque chose qui semble inéluctable » rappelle Jean-Michel Massé, vice-président de la CdC-IO en charge de l’environnement et du développement durable. « Il faut tout faire pour maintenir des activités primaires sur nos iles pour en assurer l’autonomie alimentaire. Reste un problème important, celui de l’eau. Sur Oléron, nous ne sommes plus autonomes en eau potable avec une population multipliée par 10 en été. C’est une spécificité insulaire et il est important d’aborder ce problème-là ensemble » s’inquiète Jean-François Périgné, paysan de la mer et secrétaire national de la confédération paysanne. « On a vu une volonté des élus, des exploitants et des institutions faire oeuvre commune pour maintenir en vie une agriculture sur ces territoires. Ces rencontres ouvrent des pistes aux gens. L’essentiel est de se poser les bonnes questions. L’expérience prouve que quand on a les questions, on se met ensuite au travail et on trouve les réponses » a conclu Jean-Marie Gilardeau, ex-enseignant de droit à la faculté de Poitiers et éleveur retraité.
Antoine Violette
Pour l’île de Ré, étaient présents :
Jean-Louis Olivier (vice-président de la CdC délégué aux affaires économiques),
Sylvie Dubois (directrice Environnement de la CdC),
Louis Merlin (président de l’association des sauniers – GDAD),
Dounia Darhnajd (maraîchère – GDAD),
Carole Pardell (viticultrice-coop Uniré – GDAD),
et Pierre Bot (association des Amis de l’Île de Ré).
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