- Politique
- Territoire Île de Ré
- Anniversaire
30 ans et plus… du Pont au défi de la Mobilité
Le samedi 9 juin, les plus hautes autorités, élus mais aussi habitants, étaient rassemblés dans la Salle des Fêtes de Rivedoux au chevet du Pont, tant par la proximité géographique que par la symbolique. Retour sur un moment important.
C’est un double évènement qui a motivé cette mobilisation très officielle autour de Dominique Bussereau et Lionel Quillet, entourés du député Olivier Falorni, du Préfet Fabrice Rigoulet- Roze, de Jean-François Fountaine Président de l’Agglomération de La Rochelle et bien sûr de Patrice Raffarin, hôte de la cérémonie. Et l’estrade sur laquelle ils étaient réunis n’était pas positionnée au hasard. Des panneaux d’une exposition retraçant l’histoire des liaisons maritimes à la présentation du grand Projet Mobilité conduit par le Département et la CdC, les élus en prenant tout à tour la parole firent lien entre passé et avenir.
Unité de parole
Se déclarant « honoré d’accueillir les 30 ans du Pont », Patrice Raffarin évoque brièvement son histoire pleine de rebondissements pour conclure sur une phrase de Newton : « Les hommes construisent trop de murs et pas assez de ponts ». L’Ile de Ré a le sien, preuve tangible des « liens profonds qui l’unissent à La Rochelle », comme le rappelle Jean-François Fountaine. Des liens encore renforcés avec l’aéroport, des liens s’exprimant aussi dans « l’ambition commune d’un développement dans le respect de l’environnement ».
C’est ensuite un Lionel Quillet très en forme qui exprime sa satisfaction de voir toutes les générations rassemblées autour du Pont et salue le grand respect qui a toujours été porté au territoire rétais, y compris par l’agglomération rochelaise, avant de rappeler les cinq grands défis que se devait de relever l’Ile de Ré : celui d’une vie permanente maintenue dans les meilleures conditions possibles d’équipements et de services, celui de l’urbanisation, sur un territoire classé à 80%, « c’est fait on ne reviendra pas là-dessus et on fera avec les 20% restants » souligne-t-il, celui des digues, lancé par Xynthia, qui imposa de trouver en dix ans des solutions sur 66 kilomètres et enfin celui d’aujourd’hui, centré sur la mobilité, prenant en compte un système existant qui doit néanmoins faire face à trois millions de véhicules entrant et sortant chaque année du territoire.
Prenant la parole à sa suite, Dominique Bussereau évoque, dans un sourire, Jean-Pierre Soissons qui ne cessa d’évoquer la nécessité de « jeter des ponts », remercie Michel Barnier pour l’écotaxe et exprime son souhait de faire de l’Ile de Ré « un laboratoire des mobilités douces ».
Pour Olivier Falorni, l’histoire du Pont est celle d’une valse. Trois temps, celui d’un débat acharné, d’un défi architectural et une chance, celle de l’écotaxe. Celui qui se définit comme « le député des deux rives », conclut lui aussi par une citation, de Jacques Chirac : « Les anniversaires ne valent que s’ils servent à jeter des ponts vers l’avenir ». Le Préfet Fabrice Rigoulet- Roze ne pouvait espérer meilleure introduction pour accuser réception d’un dossier (celui de la Mobilité) qui « va l’occuper pendant des mois », confirmant la tenue d’une première réunion quelques jours après. Fin des discours.
Tout un « Pont » de l’Histoire de Ré
C’est le nom de l’exposition préparée par les Archives départementales avec le concours de la CdC mais aussi de prêteurs privés. Présentée par le Conservateur en personne, elle se compose de quinze panneaux structurés en cinq grandes thématiques et nous ramène à des temps forts lointains, jusqu’à l’Ancien Régime : bateaux, évolution des techniques, aménagements portuaires, premiers bacs à vapeur… Autant d’étapes pour l’avènement d’un ouvrage dont la première trace remonte à 1949, un long voyage ponctué de tentatives ratées menant en 1974, année décisive où prend forme le projet d’un Pont qui mettra encore près de quinze ans à se concrétiser par un chantier mené en un temps record pour un ouvrage hors normes. Accessible jusqu’au 30 août dans le hall des locaux de la CdC à Saint-Martin, l’exposition rétrospective « Tout un ‘Pont’ de l’Histoire de Ré » entamera ensuite un périple sur l’ensemble du territoire.
2019-2024 : Cap sur la mobilité !
C’est sans doute l’un des grands enjeux de notre époque et si l’Ile de Ré conserve encore six mois de l’année un visage serein, elle prend à la belle saison des allures de métropole enfiévrée, le pont, héros du jour, étant aussi celui d’incroyables traversées, vomissant son flot de voitures à ses deux extrémités. Le sujet n’est pas nouveau mais ne va qu’en s’aggravant. Pour y répondre, le Département et la CdC ont déjà porté « RespiRé », une alternative en véhicules propres assurant quelque 130 000 voyages annuels en augmentation quasi constante. Mais aujourd’hui est venu le temps de passer à la vitesse supérieure, pour contrer un trafic routier lui aussi en constante augmentation, au moins sur les moyennes et hautes saisons. Telle est la raison d’être de cet ample projet longuement travaillé par Dominique Bussereau et Lionel Quillet. Le cinquième défi nous emmènera de 2019 à 2024.
Une vision globale
Penser la mobilité ne saurait se réduire à mener une guerre sans merci à la voiture comme on peut le voir ailleurs. Il s’agit à la fois de construire un projet d’infrastructures et de développer des services. C’est autour de ces deux axes complémentaires que le plan a pris corps pour se décliner en sept projets et cinq initiatives.
Décompresser les abords des deux rives
Les points « chauds » sont bien connus des Rétais : l’entrée de l’île avec un péage saturé parfois jusqu’à la rocade rochelaise, le pont lui-même, l’arrivée sur Sablanceaux et par-delà, les deux itinéraires conduisant au coeur de l’île. Il s’agit donc d’agir d’une rive à l’autre, à commencer par le réaménagement du parking du Belvédère et la création d’un pôle d’échanges assurant une meilleure information des usagers, l’optimisation des places de stationnement (plus 200 places), mais aussi la construction d’une passerelle Belvédère-péage dédiée aux transports collectifs. Autre ambition, celle de l’automatisation totale des voies de paiement d’un péage évoluant vers le « sans barrière » dit free-flow.
Sur l’autre rive, mêmes enjeux avec l’aménagement du pôle d’échanges de Sablanceaux et l’ouverture de la Maison de la Mobilité. Au milieu, un pont, pourquoi pas enrichi d’une troisième voie réservée elle aussi aux transports collectifs, tandis que l’accès à l’île serait garantie aux cycles et piétons par des voies en encorbellement. Un projet faisant sens qui évoluera après le résultat d’études approfondies sur les problématiques de circulation.
Fluidifier de Rivedoux à Sainte-Marie
Plus avant dans l’île, place à la requalification de la plage Sud de Rivedoux perturbée par l’intensité du trafic. Au programme : réaménagement de la surface avec une offre améliorée en aire de stationnement (voitures, vélos) de loisirs et des mesures de renaturation, mais aussi création de deux passages souterrains pour piétons, élargissement des passages existants et naissance d’une voie propre, partagée par cycles et autobus, allant du secteur du Défend au giratoire de la Redoute. Pour aller plus loin, un itinéraire de délestage dédié au bus et vélos et partant de Sainte-Marie pourvoira au décongestionnement de l’ensemble de ce périmètre surmené. Ajoutons encore, dès le printemps 2019 et ne serait-ce que pour améliorer la sécurité d’une zone très accidentogène, l’apparition d’un giratoire sur le carrefour du Défend, et la création d’une nouvelle piste cyclable allant du pont au camping de Sainte-Marie, sur une distance de 6 kilomètres dont certaines parties sont déjà aménagées.
Telles sont les grandes lignes d’un projet global aux multiples objectifs : digérer les périodes de trafic et de fréquentation intenses, réduire les temps de trajets, améliorer l’offre en moyens de transports et en aménagements, mais aussi préserver l’environnement. Autant de verbes et d’actions pour répondre à l’impérieuse nécessité de concilier tourisme et vie permanente, économie et qualité de vie.
Renforcer les services existants
Côté transports, l’offre s’articule autour de deux axes : les liaisons réciproques Ré-Continent et les liaisons internes, de villages à villages. Deux besoins complémentaires reposant tant sur les autobus que sur les navettes électriques, et dont le déploiement sera généralisé et optimisé par la création de pôles d’échanges au Phare des Baleines à Saint-Clément ou encore sur la Route d’Ars à La Couarde, selon des aménagements déjà mis en service à Rivedoux, Sainte-Marie ou Saint-Martin. Autant d’opportunités de valoriser une circulation propre améliorant l’offre aux voyageurs. Autre enjeu, l’amélioration de l’offre de proximité dont l’organisation sera de nouveau assurée par le Département dès septembre prochain. Objectif : toujours mieux répondre aux besoins en période estivale mais aussi aux exigences de la vie permanente.
Il s’agit aussi de renforcer « Ré Info Trafic » qui a bénéficié de 200 000 connexions sur la saison 2017. Rappelons que ce jeune dispositif a pour objet d’informer en temps réel sur les conditions de circulation aux abords du Pont. Pour le rendre plus pertinent, un maillage constitué de webcams et de capteurs bluetooth est en cours d’installation. Notons également que Ré Info Trafic est accessible côté La Rochelle depuis le 7 juin.
Innover
Parfois source d’anxiété et de bouleversements, les nouvelles technologies sont aussi ressources au quotidien. C’est dans cet objectif que sera lancée une application nommée « Ile de Ré Mobilité ». Développée pour smartphone, elle sera un support essentiel assurant l’information sur la circulation avec les données issues de Ré Info Trafic, proposera un calculateur d’itinéraires pour vélos sur l’ensemble des pistes cyclables et permettra de géolocaliser les navettes, toujours en temps réel.
Et même rêver !
La Mobilité, c’est aussi penser grand et savoir regarder ailleurs. Et en conclusion de cette présentation d’envergure, Dominique Bussereau a gardé le meilleur : la possibilité d’une expérimentation au parfum futuriste sur La Rochelle et l’Ile de Ré, à travers la mise en circulation de véhicules autonomes. Elle nous viendrait d’Asie, plus précisément d’une île sud-coréenne qui, dévolue tout comme notre territoire au tourisme, a vu dans ce système la garantie d’une mobilité apaisée et respectueuse. Pour voir si la fiction rejoint la réalité, Ms Bussereau et Quillet ont d’ailleurs prévu un voyage d’étude in situ (lire notre interview en avant-première sur Ré à la Hune N° 172).
La réunion fut longue et dense, tenant néanmoins en haleine une assistance très concernée, supportant sans faiblir une chaleur lourde sentant l’orage. Dehors, imperturbable, le pont se prépare aux nouveaux assauts de la période estivale toute proche. Il faudra encore du temps et beaucoup de patience. Mais sans doute que certains membres de l’assemblée, alors qu’ils seront bloqués dans les bouchons de l’été, se mettront comme nous à penser au confort de véhicules qui se conduiraient tout seuls, nous emmenant et nous ramenant à bon port. Un rêve un peu fou mais vertueux qui résoudrait bien des problèmes, de la circulation aux excès de vitesse.
Pauline Leriche Rouard
Une pièce de monnaie pour le Pont !
Elle devrait entrer dans la collection de tous les numismates avisés ! Le Pont de Ré, ouvrage architectural remarquable devenu emblématique d’un territoire ouvert mais préservé, méritait bien une médaille. Il aura donc sa pièce de monnaie, produite par la très respectable Monnaie de Paris, elle-même Label Entreprise du Patrimoine vivant.
Une édition limitée à 5 600 exemplaires proposée par Destination Ile de Ré dans les dix bureaux d’accueil du territoire au prix de 2 €. Le souvenir incontournable de l’année 2018 !
Lire aussi
-
Politique
Signalétique des voies cyclables, où en est-on ?
On en entend parler depuis un moment mais la situation a-t-elle changé ?
-
Politique
Département : « Tout ce qui a été voté sera fait »
Alors que la dernière séance pleinière du Conseil départemental a confirmé l’état très préoccupant des finances du Département de la Charente-Maritime, les conseillers départementaux de l’île de Ré ont tenté de rassurer, relativisant quelque peu le discours de la présidente.
-
Politique
Séance municipale animée au Bois-Plage
La pugnacité des débats n’est pas chose extraordinaire au Bois-Plage, mais il aura fallu quand même près de trois heures pour mener à terme l’ordre du jour du 25 septembre.
Je souhaite réagir à cet article