27 août : l’incroyable traversée de Manon Chiron
Vu son jeune âge, la prouesse pouvait sembler hasardeuse. Pourtant elle l’a fait. Sans faiblir et avec le sourire à l’arrivée en prime. Le lundi 27 août, en mer et sur terre, Manon Chiron a conquis son public.
La date restera gravée dans sa mémoire et dans celle de tous ceux qui l’ont entourée. Partie de la plage de La Tranche-sur-Mer en fin de matinée, Manon a rallié celle de La Cible à Saint-Martin… A la nage ! Une aventure pleine d’émotions que nous avons le privilège de vous raconter.
La Tranche-sur-Mer, lundi 27 août 11h30
De la vedette SNS-458, qui a quitté le port de Saint-Martin il y a moins d’une demi-heure, nous attendons. Sur la plage, ça s’active. Dans quelques minutes, Manon quittera la terre ferme pour entamer sa longue traversée. Le ciel est gris, la marée basse, mais Denis Chatin est confiant. Car si elle suit une bonne trajectoire, le courant de la marée montante et un peu de vent thermique soutiendront la jeune fille. Son seul souci, c’est qu’elle évite les filières d’huîtres qui, au large, s’étalent sur plusieurs kilomètres. « C’est un réseau de câbles », explique Denis, « Il ne faut pas qu’elle se retrouve là-dedans ». C’est justement pour ça que la vedette SNSM-Ile de Ré est là, présence bienveillante qui veille au grain. Manon vient de s’élancer, entourée d’un petit zodiac où ont pris place ses parents et deux nageurs sauveteurs de La Tranche, et d’un canoë pour les coachs. C’est parti !
Une histoire commencée il y a deux ans
Manon n’a pas encore 12 ans lorsqu’elle annonce à son père « avoir un petit projet ». Non pour faire le buzz sur les réseaux sociaux ou battre un quelconque record, mais pour rendre hommage à trois personnes chères, disparues dans des circonstances difficiles. Parmi elles, la Championne du Monde de natation Camille Muffat. Voeu d’enfant pensent certains. C’est mal connaître Manon dont la détermination – nous le constaterons pendant plus de quatre heures – est sans faille.
Inlassablement, elle s’entraîne : plus de dix heures par semaine et cent kilomètres de nage rien que le mois précédant la traversée. De son côté, son père se charge de l’organisation. C’est ainsi qu’il sollicite le Président de la station SNSM-Ile de Ré Denis Chatin en février dernier. Ce premier contact sera suivi de beaucoup d’autres. Denis apporte son expertise de la mer en général et du site en particulier : « il fallait déterminer la bonne période et les conditions les plus favorables de vent et de courant », explique celui-ci, « c’était possible seulement sur une fenêtre de quelques jours en juillet et maintenant ».
Sur le parcours…
Pendant que nous devisons, Manon nage. Régulièrement, muni d’un crayon et d’un compas, Denis vérifie sa trajectoire. Toujours pour éviter ces fameuses filières et garder un cap favorable alors que la marée commence à remonter. Il veille aussi sur les autres bateaux, ceux qui pourraient passer au large et envoyer des remous. Sur la radio, l’un d’entre eux félicite Manon et l’encourage : « merci pour elle, nous lui dirons », répond Denis. Nous ne sommes pas les seuls à être épatés.
14h00 : Manon avance à une cadence qui force l’admiration. Le ciel est maintenant bleu, la mer belle et calme. Poséidon lui-même semble la protéger. Après quelques recommandations à ses accompagnateurs, la vedette accélère. C’est que nous mourrons tous de faim. Objectif : rejoindre Saint-Martin, attraper quelques sandwichs et repartir aussitôt, en espérant que rien ne nous contraindra à revoir notre destination. Car bien sûr, l’équipe SNSM reste en disponibilité totale en cas d’alerte de sauvetage.
Une dérive et trois roses
De retour aux côtés de Manon, Denis constate qu’elle a beaucoup dérivé. Plus d’inquiétude du côté des filières mais elle rallonge son trajet et risque de devoir nager à contre-courant, ce qui l’épuiserait inutilement. Denis revoit la trajectoire. Quelque temps après, Manon est à mi-parcours, prête pour son ultime hommage. Car la jeune fille a demandé et obtenu l’autorisation de donner quelques fleurs à la mer en souvenir de ses chers disparus. Trois roses blanches retenues d’un mince ruban violet partent ainsi à la dérive. Manon, elle, reprend son périple.
Plage de La Cible, 16h
Soucieux que la jeune fille soit accueillie comme il se doit, Denis fait avec les moyens du bord : il a déniché une fusée qui pourra être tirée par la jeune fille à son arrivée, comme font tous les sportifs. Il a aussi incité son fils Clément, lui-aussi membre de la SNSM, à nous rejoindre avec un autre bateau qui arrive chargé de copains. Comme nous, il va escorter Manon jusqu’à la plage de La Cible qui se profile à l’horizon. La jeune nageuse fait plusieurs pauses pour s’hydrater et semble un peu fatiguée (comment pourrait-il en être autrement !). Mais à chaque fois elle repart, tenant bon le rythme de ses seuls bras. Ses pieds ? Immergés, ils sont restés immobiles, en tension continue. La plage sera à portée dans quelques minutes.
La vedette approche au plus près possible. Dans son micro, Denis Chatin annonce l’arrivée. Aussitôt, de nombreux vacanciers quittent leurs serviettes pour saluer l’exploit de leurs applaudissements.
Manon Chiron, 14 ans, vient de se redresser, reprenant contact avec le sol sableux. Sur la vedette, nous sommes tous émus. Elle devait arriver entre 17h00 et 18h00 et il est un peu plus de 16h. La jeune fille a parcouru 18,46 kilomètres en 4h41 et 13 secondes précisément. Chapeau bas…
Après avoir répondu aux questions des quelques médias qui l’attendaient, Manon ira prendre une longue douche bien méritée avant de rejoindre sa famille. A La Cible (le restaurant), Denis Chatin a ouvert le champagne. Pour une fin de journée aussi pétillante que cette jeune personne au regard clair, étonnante d’énergie et d’humilité, qui nous a offert cette belle histoire…
Pauline Leriche Rouard
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