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Ré Majeure : retrouvailles automnales

Depuis sa création en 2011, le festival voulu par Marc Minkowski est un temps fort de l’année. Le chef à la baguette magique fait le pari cette fois de lancer la féérie le 26 octobre plutôt qu’à l’ascension, pour six concerts d‘exception.

La raison de ce changement de saison tient plus aux contraintes d’emploi du temps du directeur de l’Opéra de Bordeaux (convié de longue date en mai dernier par l’orchestre de San Francisco) qu’à une réelle volonté ; Marc Minkowski confie toutefois avoir profité de cette conjoncture d’agenda pour installer un rendez-vous pérenne, à une période de l’année traditionnellement dédiée au recueillement.
En ces temps où l’île retrouve son calme, « La musique s’offrira avec une intensité nouvelle » pour cette 7ème édition placée sous le signe de l’émotion et du sacré. Le chef a d’ailleurs souligné lors de la conférence de presse dans sa maison de Loix qu’elle était « dédiée à deux femmes exceptionnelles ». En hommage à Gisèle Casadesus, le festival s’ouvrira par une « Symphonie imaginaire » concoctée par Marc Minkowski avec les plus belles oeuvres de Rameau. « Un compositeur atemporel qui enveloppe le public tant la plénitude de sa musique est vivifiante ». Programmé le 27 octobre à 20 heures dans la grande salle de La Prée d’Ars, le soleil couchant a été convoqué pour ajouter à la magie de ce concert poétique.
Incontournable de la musique sacrée « Le Messie » d’Haendel est une oeuvre chère au chef d’Orchestre qui, très jeune, aborda le répertoire de la musique divine.
Magistrale (il n’y aura pas moins de cent musiciens et choristes sur scène), cette représentation ne sera jouée que deux fois dont l’une sur l’Ile de Ré, et viendra clôturer cette parenthèse le 29 octobre, espérée aux couleurs de l’été indien… Un moment qui s’annonce unique d’autant qu’il s’adresse à une autre dame des arts : Anne-Wade Minkowski. La mère du virtuose (disparue elle aussi fin septembre) était écrivain et traductrice renommée de l’arabe et de l’anglais en français (« Le Prophète » de Khalil Gibran entres autres).
Une journée de parcours musical : 3 concerts pour un dimanche en famille sur l’île
La journée du 28 octobre sera l’occasion pour les visiteurs de la région de sillonner trois villages au gré de spectacles très attendus. À Loix tout d’abord, Manu Bigarnet présentera en fin de matinée une variation équestre conçue comme chaque fois spécialement pour le festival. Cette année, il s’agira d’une « Trilogie en confidences » en compagnie de Thomas Enhco (l’arrière petit-fils de Gisèle Casadesus débute une carrière qui ne dément pas le talent familial). En jazz et voltiges, tous deux feront danser le cheval de trait comtois « Pantin » en toute intimité.
À La Flotte à 16 heures, les soeurs Claire et Maude Gratton aborderont le répertoire des Bach, père et fils avec la complicité du flûtiste des Musiciens du Louvre, Jean Bregnac. Viole de Gambe et clavecin pour un ensemble de musique de chambre charmant à la faveur de la vitalité baroque.
La romance s’achèvera à Ars en soirée avec deux autres soeurs rares en France tant elles sont sollicitées sur les plus grandes scènes du monde. Les pianistes Katia et Marielle Labeque jouent depuis toujours face à face. Depuis leurs débuts, leur duo contribue à enrichir le répertoire avec de nombreuses oeuvres conçues spécialement pour elles, d’autres comme le Boléro de Ravel retranscrites pour deux pianos.
Connues pour leurs adaptations audacieuses elle interprèteront Le Sacre du Printemps dans une version puissante en écho à la violence de l’oeuvre de Stravinsky. En contraste, Les Six Épigraphes antiques de Debussy proposent au travers de petits tableaux oniriques la vision poétique et sereine de temps anciens. Par un jeu à la fois précis, souple et suggestif les soeurs excellent à transmettre l’envoûtement d’une antiquité fantasmée.
Quant à « Four movements for two pianos » est une création de Philipp Glass qu’elles affectionnent particulièrement. Le compositeur, incontournable pionnier du minimalisme américain, leur offre avec cette musique expérimentale un espace de liberté qui sied à l’anticonformisme assumé du duo.
Bordeaux et La Rochelle main dans la main pour que la jeunesse profite du dynamisme régional
Les fonctions de Marc Minkowski à Bordeaux et son attachement à l’île de Ré où il se ressource chaque fois que possible, constituent une opportunité supplémentaire de rayonnement culturel de la Nouvelle Aquitaine, que le Chef entend exploiter pour attirer davantage de jeunes dans les rangs des mélomanes.
Reflet de cette volonté, Le Messie d’Haendel donné en clôture, sera incontestablement le point d’orgue du festival en présence d’une soixantaine d’étudiants du conservatoire de Bordeaux et de la Maîtrise Java (Jeune Académie Vocale Aquitaine), qui partageront la scène aux côtés de leurs professeurs et de professionnels reconnus. Sous la direction du chef, tous auront à coeur de donner le meilleur à l’occasion de cette formation unique.
La grande nouveauté de cette édition ce sont les ateliers « Musique pas bête », qui répondront à toutes les questions qu’on ose pas formuler d’ordinaire. Qui l’a inventée ? Combien d’instruments dans l’orchestre ? Qu’est-ce que l’art lyrique ou baroque ? Autant de d’interrogations réellement soulevées par les enfants au standard de France Musique pour « Klassiko Dingo », l’émission du sémillant Nicolas Lafitte. Le critique et chroniqueur animera avec Samuel Bricault à la flûte, des master classes informelles à suivre en famille dans 5 villages différents chaque jour dès le 26 !
C’est une nouvelle page de la partition que tourne Ré Majeure pour ce millésime « âge de raison », rendu possible grâce au soutien de La Coursive et de La Maline qui reste très investie pour l’événement en dépit de la fermeture ponctuelle des locaux.
Marie-Victoire Vergnaud
Programme complet :
Covoiturage sur le site de La Coursive.
Billetterie et réservations : www.la-coursive.com et www.lamaline.net
05 46 51 54 02/03 et 05 46 29 93 53
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